Discours du Commissaire Breton lors de la Conférence de presse sur la résilience des matières premières critiques

Commissaire Breton

Tous les 3 ans, la Commission européenne présente la liste de ce que nous appelons les « matières premières critiques », c'est-à-dire celles qui sont nécessaires à la sécurité de notre approvisionnement stratégique en Europe.

Si cet exercice est tout à fait habituel, il prend cette année une importance particulière, dans le contexte du Coronavirus. La crise a mis en évidence une accélération des tendances, à l'œuvre avant la pandémie.

Cette accélération s'appuie sur trois piliers : la transition verte, qui vise à faire de l'Europe le 1er continent zéro carbone ; la transition numérique, aussi importante que la première en termes d'impacts sociaux, économiques et d'innovation ; ainsi que la résilience.

Nous ne sommes plus une Europe naïve, nous sommes parfaitement conscients des enjeux qui sont les nôtres. Nous sommes un continent qui se met en position de discuter, de négocier, d'avoir des partenariats d'égal à égal avec les grandes puissances de ce monde. C'est dans ce contexte qu'il faut lire l'annonce de la Commission visant à rendre l'approvisionnement de matières premières en Europe plus sûr et durable.

Le premier volet de notre action est de disposer d'une vision prospective de ce dont nous avons besoin pour nos transitions.

La transition numérique et verte nécessite énormément de matériaux critiques, comme le lithium pour les batteries, les aimants qui sont des terres rares ou encore les semi-conducteurs.

Dans le monde globalisé que nous voyons à l'aune de ce triptyque vert, numérique et résilient, nous avons beaucoup d'entités, d'entreprises qui nous fournissent ces matériaux, certaines de façon exclusive, d'autres de façon plus diversifiée. Mais il y a également beaucoup de ces matériaux présents en Europe.

Nous avons des contraintes d'extraction élevées en Europe, comme la prise en compte de l'environnement et de la biodiversité - et c'est un enjeu extrêmement important que nous poursuivrons.

Mais qu'il s'agisse de cobalt, bauxite, béryllium, bismuth, gallium, germanium, indium, niobium ou encore borate :  l'Europe dispose de gisements potentiels importants, que nous observons par satellites à travers notre programme Copernicus.

Nous avons, par exemple, beaucoup de ressources de lithium en Europe. Nous nous mettons en position pour qu'en 2025, nous soyons quasiment autosuffisants en lithium pour nos batteries.

Il ne s'agit pas pour autant de vouloir tout produire en Europe. Nos ressources sont importantes et diversifiées mais ne suffisent pas à couvrir l'ensemble de nos besoins. Pour cela, nous avons noué par exemple de grands partenariats avec des pays tiers, comme le Canada, l'Australie ou certains pays africains. Nous allons les développer.

Le deuxième volet de notre action, également très important pour les plans de relance au niveau européen, est l'économie circulaire.

« Devenir le premier continent en matière d'économie circulaire »

Beaucoup de ces matières premières sont recyclables ; il s'agit là d'une industrie et d'un véritable savoir-faire. Cette économie du recyclage va être très importante. Nous sommes pleinement entrés dans une économie, à la fois du partage, mais aussi du recyclage, où la circularité devient importante.

Nous avons l'ambition d'être le premier fournisseur d'énergie verte, d'être le premier continent numérique et aussi le premier continent en matière d'économie circulaire.

Nous voulons augmenter notre indépendance dans ces domaines.

C'est dans cette optique, et c'est le troisième volet de notre plan d'action, que nous allons lancer une alliance européenne pour les matières premières à la fin de ce mois.

Nous allons inviter les acteurs qui partagent ces éléments. Par exemple, les entreprises minières, celles qui utilisent ces matériaux, celles qui recyclent, les ONG, les organisations syndicales, les régions, etc.

Ensemble, nous veillerons à ce que chacun bénéficie des niveaux élevés de savoir-faire dans la conception et l'utilisation des matières premières critiques.

Nous veillerons également à ce que les sites de production en Europe soient conformes à nos exigences, notamment environnementales. 

« Une opportunité exceptionnelle pour accélérer le triptyque de la transition verte et numérique et de la résilience »

En conclusion, si j'invite chacun à prendre connaissance des 10 mesures présentées dans le plan d'action de la Commission, je souhaitais rappeler trois éléments d'importance.

Je ne connais pas d'autre continent qui a évalué les besoins de matériaux critiques pour la double transition sur les 30 ans qui viennent. Nous nous sommes mis en situation de comprendre ce qui se passait sur notre continent en matière de ressources, d'extractions, et d'investissements à faire.

Nous avons également évalué les fournisseurs mondiaux de nos partenaires et nous souhaitons accroître la diversité de nos fournisseurs pour limiter aux mieux une dépendance excessive dans le cadre de nos ambitions de résilience.

Nous nous mettons en mouvement dans le cadre du plan de relance, un moment historique pour notre continent. C'est une opportunité exceptionnelle pour accélérer le triptyque de la transition verte et numérique et de la résilience.