Remarks by Executive Vice-President Séjourné and Commissioner Šefčovič on the Economic Security Package
Executive Vice-President Séjourné
Merci beaucoup Maroš, Mesdames et Messieurs,
Comme l'a souligné le Commissaire Šefčovič : aujourd'hui l'Europe apporte sa réponse à la nouvelle situation géopolitique mondiale, avec cette doctrine de sécurité économique. ReSourceEU est en quelque sorte le bras armé, le premier élément tangible, de cette doctrine.
Avec ReSourceEU, l'Europe acte son indépendance sur les matières premières critiques.
C'est une nécessité, alors que la situation reste aujourd'hui alarmante. Les licences d'exportation sont accordées au compte-goutte et au prix de renseignements qui relèvent pourtant du secret industriel.
Une chose est sure : cette tension sur les matières premières est là pour durer. C'est pour ça que nous avons besoin d'une réponse systémique. Cette réponse, c'est ReSourceEU.
Nous ne partons pas de rien, puisque nous avons une base solide :
- La loi sur les matières premières critiques, adoptée au mandat précédent.
- Un socle d'approvisionnement avec 60 sites d'extraction, de processing ou de recyclage que nous avons labellisés comme « projets stratégiques » - 47 en Europe et 13 à l'étranger. Un nouveau pool de projets sera annoncé mi-janvier avec un nouveau call qui est en cours.
- Des partenariats à l'étranger. Avec l'Ukraine, la Norvège, l'Australie, le Canada, ou encore l'Afrique du Sud.
Malgré cela, nous manquons encore des outils dont nos concurrents disposent pour être efficaces, et rapides. Trop de projets ralentis, trop de contrats ratés, faute d'outils appropriés. Nous devons passer la vitesse supérieure.
Pour cela, ReSourceEU propose un plan en 5 actions opérationnelles et concrètes.
Le principal outil : un nouveau Centre Européen des matières premières pour 2026.
C'est le poste de pilotage de l'approvisionnement européen en matières premières critiques. Il a 3 missions :
- monitorer et évaluer les besoins ;
- acheter en commun pour le compte des États-membres ;
- stocker et livrer en fonction des besoins des entreprises.
Ce que nous avons fait avec le gaz russe et REPower EU, ou les vaccins Covid, nous devons le faire pour les matières premières critiques.
Un arsenal pour accélérer les projets en cours.
Au total, ce sont au moins 3 milliards d'euros de financements supplémentaires qui seront mobilisés sur les 12 prochains mois, pour débloquer les projets dans l'immédiat, et dans trois secteurs prioritaires : aimants permanents, batteries, défense :
- 2 milliards de la BEI,
- 300 millions du Battery Booster,
- 600 millions de Horizon Europe sur le programme 2026-27,
- et d'autres financements dont une part du fonds d'innovation, du programme pour l'industrie européenne de la défense, des fonds d'InvestEU ou encore du Global Gateway.
Je suis heureux de pouvoir annoncer aujourd'hui l'octroi de financement pour deux de nos projets stratégiques :
- un projet au Groenland, centré sur la défense ;
- un projet en Allemagne, centré sur la batterie.
Nous comptons évidemment aussi sur les pays européens pour mobiliser leurs fonds – de cohésion par exemple. J'ai d'ailleurs envoyé une lettre aux 27 Ministres des Finances pour le leur demander officiellement.
Outre les financements, nous amendons également le cadre réglementaire pour accélérer et simplifier les permis - en particulier pour l'extraction.
Enfin, la circularité est un volet essentiel de ce plan. Nous maintenons le scrap de matières premières critiques en Europe pour créer une vraie filière européenne du recyclage. Dès le printemps 2026, nous mettrons en place des restrictions sur les exportations de déchets d'aimants permanents, ainsi que des mesures pour maintenir les déchets d'aluminium en Europe.
Nous augmentons aussi nos investissements en Recherche & Développement pour le recyclage et les substituts. Car comme vous avez pu me l'entendre dire, les matières premières les mieux utilisées sont celles que l'on n'utilise pas. Nos industriels ont des programmes de recherche pour substituer, ou éviter d'utiliser certaines matières premières critiques - ce qui contribue à notre plan réduction des dépendances.
Le soutien à la demande.
Nous allons créer une nouvelle plateforme de « matchmaking » : elle connectera les acheteurs, vendeurs & investisseurs. Elle permettra aussi l'agrégation de la demande et les achats groupés au niveau européen.
Par ailleurs, il va de soi que notre action ne fonctionnera QUE si nos entreprises européennes jouent le jeu. En d'autres termes, si elles s'engagent à cesser d'acheter 100% chinois, pour diversifier, et acheter européen. Je le leur ai d'ailleurs dit quand je les ai réunies autour de la table il y a quelques semaines.
Au titre de la loi sur les matières premières critiques, les entreprises européennes doivent déjà prendre des mesures pour assurer un approvisionnement diversifié de minerais critiques. Avec ReSourceEU, nous précisons les choses. Nous amendons la loi sur les matières premières critiques :
- pour obliger les entreprises à informer leur board de telles mesures, et puis
- nous nous donnons la possibilité de vérifier concrètement si de telles mesures sont effectivement en place – sur place auprès des entreprises.
Il va de soi que si l'expérience nous prouve que ce n'est pas le cas – qu'il n'y a pas, ou pas assez, d'efforts de diversification – nous imposerons cette diversification par la loi. Cela pourrait faire l'objet d'un futur acte délégué - si cela s'avérait nécessaire. Et donc d'imposer cette diversification par la loi.
Mise en oeuvre des partenariats internationaux.
D'une part nous renforçons nos accords bilatéraux – je reviens d'Afrique du Sud où nous venons de signer un protocole d'accord sur les matières premières critiques.
Nous ouvrons également de nouveaux partenariats. Je pense par exemple au Brésil, très prochainement.
Enfin, nous travaillons avec nos partenaires au sein du G7 & G20, par exemple sur des standards de résilience, de diversification, ou encore sociaux-environnementaux, qui assurent des bénéfices mutuels en cas d'accord ou de partenariat.
La protection du marché intérieur.
L'idée est simple : nous devons assurer une réponse européenne, et éviter le réflexe protectionniste que l'on a pu connaître au tout début du Covid.
Pour cela, ReSourceEU prévoit l'activation, en cas de crise ou de pénurie, du « règlement sur les situations d'urgence et la résilience du marché intérieur » - plus connu sous son acronyme anglais « IMERA ». Il s'agit d'un instrument hérité du Covid, mais nous aurons la possibilité de l'activer dans le cas particulier des matières premières critiques. Il donne les moyens à la Commission d'organiser des achats et stockages d'urgence, et d'organiser la livraison des stocks qui seraient nécessaires.
Mesdames et Messieurs, vous l'aurez compris, ReSourceEU c'est plus qu'un texte. C'est un poste de pilotage pour augmenter, diversifier, coordonner en temps réel, l'approvisionnement de matières premières vitales pour nos industries européennes.
Le coût de l'indépendance est élevé, mais il est bien plus faible que celui de la dépendance.
Je vous remercie.
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Commissioner Šefčovič
In the current geopolitical and geoeconomic context, it is imperative that Europe strengthens its economic security
because even a champion of open trade knows that openness without security becomes vulnerability.
Around the world, trade is being weaponised, supply chains are under pressure, and some players are targeting strategic technologies.
Export restrictions, state-backed overcapacities, and strategic choke points are turning economic dependency into political pressure.
This hits our companies every day – their operations, their competitiveness, and their ability to stay ahead.
Today's proposal shows the EU is shifting into a higher gear, taking the 2023 European Economic Security Strategy further.
Promoting our competitiveness, protecting our critical assets, and partnering with like-minded allies are no longer three separate tracks – they form one integrated effort.
Every tool must do all three at once: promote, protect, and partner.
We have identified six high-risk areas that need immediate attention. For instance:
Strengthening supply chains and fixing choke points in critical goods and services before they can hurt us.
Supply is highly concentrated in several key areas, from critical minerals to clean-tech parts, legacy chips, and financial, digital and space services, as well as pharmaceuticals.
Some suppliers do not share our values or interests – and some are ready to use our dependence against us.
Our goal is to prevent short-term disruptions, while steadily reducing risky dependencies and avoiding new ones.
Inbound investment is another high-risk area.
Europe remains open for business, but we need investment without hidden risks.
Some investments can expose sensitive data such as geo-localisation or biometric data,
they can hollow out value chains when they bring little technology transfer or added value,
and they can create new dependencies.
We will strike the right balance, staying open while staying secure.
Going forward, it is clear that economic security will only work if Europe acts as a team – with Member States and industry moving in sync.
To support this, we propose a new Economic Security Information Hub, with real-time monitoring of market shifts and supply diversification, mapping of high-risk entities, and helping check eligibility for EU funding and procurement.
We also suggest that each Member State appoints a National Economic Security Advisers, and that we create a trusted advisory group of EU business representatives.
Industry must also factor in a price premium for medium-term security. Policy action alone is not enough – businesses must play their part, too.
But we will also go further.
First, by sharpening the tools we already have. For example:
Prioritizing support for companies reducing foreign dependencies in critical sectors and technologies.
Strengthening FDI screening by providing guidance on cumulative risks across multiple investments.
Using customs tools – from tariff suspensions to quotas – to boost the competitiveness of EU firms.
Second, we will develop new measures, for instance to:
Counter unfair trade and global market distortions, including state-driven overcapacity.
Encourage high-risk sectors to rely on at least two alternative suppliers.
Explore how public procurement in specific strategic sectors can drive EU industrial leadership and reduce risks.
To conclude, let me reiterate that Europe will continue to champion open trade and global investment – but our openness must be backed by security.
That is why you will see more strategic and assertive use of our existing tools, the development of new ones where needed, and stronger capacity to collect and share economic intelligence.
And I am glad to say that the ResourceEU proposal – which will now be presented by Executive Vice-President Séjourné – is the first tangible demonstration of how serious we are about economic security.
Thank you.